Les petites mains
Terre ! Terre ! Bougez-vous les filles ! Terre, je vous dis !
La terre promise ? Tu la vois vraiment ta terre promise ?
Ce ne serait pas plus-tôt une terre de misère ta terre promise ?
Faut y croire les filles, faut y croire… C’est quoi une terre promise ?
C’est un endroit merveilleux qui tient ses promesses. Pas comme ici quoi…
C’est comme, une île sous le soleil. Regardez-là, elle n’est pas belle notre île ?
Vous croyez ça possible vous ?
Faut y croire. On peut toujours rêver… Ca ne fait de mal à personne de rêver…
Ca fait mal quand on se réveille. Faut avoir les pieds sur terre, les filles.
On a bien le temps de les avoir, les deux pieds sur terre.
Terre ! Terre ! Souquez les filles ! On est bientôt arrivé ! Encore un petit effort… Regardez… Le sable fin… Pas un mur à l’horizon… Juste nous et le ciel… Y’a du soleil ! Des mecs bronzés comme des caramels ! …Ah ! Non, pas de mecs !
Oui, mais si y’a pas d’hommes, y’aura pas d’enfants. Ce serait dommage.
Alors on garde les mecs, mais on interdit l’alcool. Et on boira du jus de coco !
Je n’aime pas la noix de coco…
Les hommes, on les parques dans un enclos pour qu’ils nous foutent la paix !
On les sortira juste pour faire des enfants. J’aurais plein d’enfants !
N’empêche, moi, j’ai horreur de la noix de coco !
C’est pas grave. Y’a plein de trucs à manger sur une île.
Tous les vendredis, on mangera du poisson, du crabe… C’est vachement cher le crabe.
Des oranges… Des clémentines, comme à noël… Des citrons…
Vous en voyez des trucs. Moi, j’vois rien…
C’est parce que vous ne fermez pas les yeux Madame Raymonde…
Une pyramide d’ananas… Des bananes…
Moi, ça me convient, tant qu’il n’y a pas de marrons !
Moi, j’y vois toujours rien…
On pourra se baigner et bronzer sous les palmiers ! On pourra manger des palmes.
Des dattes, pas des palmes. Les palmiers donnent des dattes.
Ah… Ca sert à quoi alors, les palmiers ?
A faire de l’ombre. Parce que toute une journée sous le soleil, j’vous dis pas !
Y’a quoi encore sur notre île, raconte Brigitte…
(Arrivée de la chef…) A vos places. Allez, au travail Mesdemoiselles…
…Y’a plus rien…